Un cadavre sans importance by J. B. Livingstone

Un cadavre sans importance by J. B. Livingstone

Auteur:J. B. Livingstone [Livingstone, J. B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française, Policier
Éditeur: du Rocher
Publié: 2017-05-19T00:00:00+00:00


CHAPITRE XXII

Pendant que Margaret Ding négociait avec le baron Jacobson Werwick, Higgins songea au recueil de sonnets libres de Harriet J.B. Harrenlittlewoodrof, sans conteste la plus grande poétesse de l’époque moderne, promise au prix Nobel de littérature, recueil intitulé Méditations sur l’été de l’Oxfordshire ; qui, mieux qu’elle, avait vanté la beauté de cette période ?

La pluie de juillet au sourire d’octobre,

Les vents d’août au regard mouillé,

Les bonheurs de nuages apaisant le soleil,

La douce brume voilant les pelouses.

— C’est mal parti, déplora Marlow.

— « Fais ce que dois, advienne que pourra », dit un vieux proverbe ; cette demoiselle a peut-être plus d’influence qu’elle ne l’imagine.

— Et si le baron refuse ?

— Nous réenvisagerons la situation, promit Higgins.

L’attente fut longue. Marlow s’impatientait, Higgins prenait la mesure du paysage, moins sinistre qu’il n’y paraissait au premier abord. Certes, il n’y avait guère de douceur dans le parc trop géométrique, et moins encore dans l’architecture d’un château fermé sur lui-même et hostile à toute présence étrangère ; mais l’ensemble ne manquait pas de grandeur, et sa volonté de secret attirait la curiosité. On ne devait guère sourire sur les terres des Werwick, où l’Histoire et la coutume régnaient en souveraines absolues. Parfois, le nom d’une dynastie pesait trop lourd sur les épaules de ses représentants qui eussent préféré anonymat et liberté.

— Elle ne revient pas, constata Marlow.

— La délibération se prolonge, c’est plutôt bon signe.

— Je vous parie qu’elle ne nous accordera même pas le privilège d’une réponse ! Sans document officiel, nous ne pesons pas lourd.

— La magie, superintendant, croyez-en la magie.

Adepte inconditionnel de la police scientifique, Marlow n’appréciait guère les tendances mystiques de son collègue qu’il jugeait rétrogrades et inadaptées ; dans un cas comme celui-là, que restait-il à faire, sinon d’implorer le destin ?

La silhouette menue et rigide de la secrétaire particulière du baron Jacobson Werwick se rapprocha de la grille d’entrée.

— Le baron accepte de vous recevoir quelques minutes.

— Comment vous remercier, mademoiselle ?

— Vous n’avez pas à me remercier ; je n’ai fait que mon travail, et le baron a pris sa décision. Si vous voulez me suivre…

Scott Marlow n’en menait pas large. Malgré son expérience et son autorité, il avança avec une hésitation certaine dans l’allée centrale qui menait au château. Bien qu’il y eût du vent, l’atmosphère était confinée, comme dans une cave. À chaque instant, le superintendant redoutait de mettre le pied dans un piège, tant le terrain lui paraissait agressif.

Margaret Ding avançait d’un pas mécanique sans se retourner.

À l’approche du château, Higgins perçut des éclats de voix. Une dispute intense et brève.

La secrétaire particulière poussa une lourde porte en bois donnant accès à un hall en marbre aux proportions oppressantes ; accrochés aux murs peints en brun, les portraits des barons Werwick, soit militaires de haut rang, soit hommes de loi.

Un large escalier à la rampe dorée conduisait aux étages.

— Patientez ici, ordonna Margaret Ding, je dois m’assurer que le baron n’est pas occupé par une conversation téléphonique.

Le choc régulier des escarpins sur les marches d’escalier emplit le hall, puis s’estompa peu à peu.



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